L’auto-rénovation accompagnée en Wallonie, un levier de croissance économique ou une opportunité limitée ?

Veuillez noter que les informations communiquées à travers l’article suivant sont des extrapolations basées sur les données recueillies lors de l’étude de marché du projet PRO&MOI. Il s’agit d’hypothèses qu’il convient d’analyser avec précaution. Les chiffres évoqués ne sont pas des certitudes mais bien des estimations qui demandent à être consolidées par des validations complémentaires.

Pour rappeler le contexte, la Stratégie de Rénovation à Long Terme (SRLT) de la Wallonie vise à faciliter la transition énergétique notamment du parc résidentiel privé vers l’objectif d’atteindre, d’ici 2050, par voie décarbonée, une moyenne PEB A pour tous les logements.

Le projet PRO&MOI vise à développer une filière économique autour de l’auto-rénovation accompagnée (ARA). En effet, du point de vue financier pour un auto-rénovateur, se faire accompagner par un entrepreneur permet d’éviter des coûts inattendus de correction. De plus, pour les entrepreneurs, il s’agit d’élaborer une tarification d’un service reconnu. Par conséquent, une étude de marché a donc été menée pour déterminer le potentiel d’un tel service en Wallonie.

Le nombre de ménages concernés par l’ARA est-il suffisant ?

Selon l’Institut Wallon de l’Evaluation, de la Prospective et de la Statistique – IWEPS – ainsi que Statbel, la Wallonie compte environ 1,6 million de ménages dont 70% sont propriétaires (1.12 millions). De ce total, nous comptabilisons 392.000 logements ayant bénéficié d’au moins une des mesures énergétiques suivantes durant ces 5 dernières années : isolation thermique, remplacement des fenêtres ou amélioration du système de chauffage.

75% des travaux sont réalisés avec les conseils d’un proche ou d’un professionnel ; un potentiel de 190.000 ménages pourrait donc être intéressé par un service d’ARA, que ce soit avec un accompagnement ponctuel ou global.

Cependant, il est important de souligner que ces estimations sont des extrapolations reposant sur un échantillon limité. Il conviendrait donc de les considérer comme des ordres de grandeur, qui mériteraient une validation complémentaire.

L’enquête démontre également que l’accompagnement est orienté vers l’exécution de certains travaux, les critères techniques de la rénovation ou encore la réponse ponctuelle à certains blocages spécifiques. Les services payants sont souvent proposés par les entrepreneurs avec des options tarifaires différentes, selon des besoins d’accompagnement pour réaliser le projet.

Quel serait l’impact potentiel d’un accompagnement à l’auto-rénovation sur le chiffre d’affaires d’une entreprise wallonne ?

Dans cette étude, deux scénarii ont été envisagés : un taux d’adoption conservateur et un taux optimiste, avec respectivement 10% et 25% des ménages éligibles qui adoptent l’ARA.

  1. Si l’on part des 190.000 ménages potentiellement touchés par une ARA et qu’on en considère 10%, cela nous donne 19 milles ménages concernés. En prenant une dépense moyenne hypothétique de 3 milles euros par ménage, le total annuel atteindrait 57 millions d’euros par an.
  2. Même schéma mais plutôt optimiste, avec un pourcentage de 25%, nous parviendrions à 142,5 millions d’euros par an.

Des autres retombées économiques peuvent être observées…

D’après l’étude réalisée, le service d’ARA peut impacter l’activité d’une entreprise de manière significative en renforçant la relation client, en valorisant l’expertise et en proposant des prestations complémentaires. Nous avons donc émis l’hypothèse que 20 à 30% de chiffre d’affaires supplémentaire peuvent éventuellement découler des services d’auto-rénovation accompagnée. Cependant, il faut garder à l’esprit que ces gains ne se matérialiseraient pas nécessairement à court terme, surtout dans un contexte de rénovation échelonnée dans le temps.

Des emplois locaux pourraient également être générés : des artisans et techniciens spécialisés pour les travaux techniques et des coordinateurs de projets pour assurer la fluidité des interventions.

En conclusion…

Le développement de l’auto-rénovation accompagnée en Wallonie représente une opportunité économique afin d’atteindre les objectifs de la Stratégie de Rénovation à Long Terme Wallonne et ce, en dynamisant la filière du bâtiment. Ce modèle pourrait contribuer à la valorisation de l’expertise artisanale et professionnelle, tout en favorisant l’engagement citoyen.

Selon les différents scénarii, le marché pourrait générer 68,4 et 171 millions d’euros par an et créer entre 680 à 1.700 emplois locaux dans la rénovation énergétique, selon les taux conservateurs et optimistes.

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